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L’arnaque sinistre du « pig butchering » est en train de devenir incontrôlable. Cette forme d’escroquerie, à la fois étrange et terriblement sophistiquée, mêle manipulation psychologique, fraude financière, traite d’êtres humains et travail forcé. Selon Chainalysis, elle a désormais pris l’ampleur d’une industrie mondiale pesant plusieurs milliards. Et derrière cette façade déjà glaçante se cache une réalité encore plus sombre, dominée par des réseaux criminels et l’exploitation humaine.
Le « pig butchering », une arnaque ultra-personnalisée
Le pig butchering repose sur un principe simple : établir un lien personnel avec la victime. Les escrocs engagent des conversations pendant des semaines, parfois des mois, pour instaurer une relation de confiance.
Ils se montrent habiles, patients, extrêmement investis. Ils envoient des messages et des photos censés prouver leur authenticité, parfois fabriqués grâce à l’IA. Beaucoup de victimes finissent par croire qu’elles ont noué une véritable amitié… voire une relation amoureuse.
Une fois la confiance installée, l’argent devient progressivement le cœur des discussions : faux succès d’investissement, appels à l’aide financière, promesses de gains faciles. Peu à peu, la victime est manipulée jusqu’à envoyer des fonds, souvent en crypto.
Quand l’escroc estime que la « cible » est suffisamment « engraissée », il disparaît, d’où le nom « pig butchering ».
Une industrie criminelle basée sur la traite humaine
La face cachée de ce système est encore plus effrayante : beaucoup d’escrocs sont eux-mêmes des victimes. En Asie et au Moyen-Orient, des réseaux criminels enlèvent ou attirent des personnes avec de fausses promesses d’emploi, pour ensuite les forcer, sous les menaces, à escroquer en ligne.
Erin West, de l’organisation Operation Shamrock, explique dans un podcast de Chainalysis :
« C’est difficile à décrire. Ce ne sont pas quelques bâtiments, mais des dizaines, ceinturés par des murs de béton de deux mètres pour empêcher toute fuite. »
Le tristement célèbre « KK Park » au Myanmar serait le plus vaste : des centaines de bâtiments, presque une véritable ville contrôlée par des gangs.
« La taille et l’ampleur du phénomène sont sous-estimées. Si le monde comprenait ce qui se passe réellement, l’urgence d’agir serait bien plus forte. »
Une explosion mondiale
Si le pig butchering se développe aussi vite, c’est parce qu’il est extrêmement rentable. En 2023, il a généré plus de 2,8 milliards d’euros en crypto-vols, soit un tiers de toutes les escroqueries crypto de l’année.
Erin West prévient les acteurs économiques :
« Toute personne en contact avec de l’argent, d’une manière ou d’une autre, doit être consciente de cette menace. C’est devenu un enjeu de sécurité nationale. »
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