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Bitcoin et or atteignent de nouveaux sommets, mais cette flambée cache une évolution plus profonde du système monétaire mondial. Alors que les marchés actions continuent de profiter de la baisse des taux et des bons résultats d’entreprise, ce sont désormais les valeurs refuges monétaires qui attirent les capitaux.
Cette ascension parallèle de l’or et du Bitcoin n’est pas un simple effet de mode : elle reflète un déséquilibre structurel dans la gestion de la dette publique et la politique monétaire des grandes puissances.
Les grandes puissances dépensent sans compter
Partout dans le monde, les gouvernements creusent leurs déficits en multipliant les plans de relance et les soutiens budgétaires.
Aux États-Unis, l’administration Trump mise sur des baisses d’impôts et des subventions massives. En Europe, les budgets explosent sous le poids des dépenses de défense et de la transition énergétique. En Chine, Pékin tente de relancer la croissance pour compenser l’effondrement du secteur immobilier.
Résultat : des déficits structurels dépassant souvent les 5 % du PIB, sans perspective de retour à l’équilibre.
Des banques centrales de plus en plus conciliantes
En théorie, la logique voudrait que les banques centrales compensent ces déséquilibres par une politique monétaire plus stricte.
Mais c’est tout l’inverse : aucune grande institution n’a relevé ses taux ces derniers mois. La Réserve fédérale américaine et la BCE laissent même entendre qu’elles se préparent à assouplir davantage leur politique.
Cette inaction révèle une réalité implicite : la cible d’inflation à 2 % n’est plus intangible. Les banques centrales ne le diront jamais ouvertement pour éviter la panique, mais les marchés ont compris, la tolérance à l’inflation est désormais structurelle.
Nous sommes probablement entrés dans une nouvelle ère macroéconomique, marquée par une inflation modérée mais persistante, où la valeur de la monnaie s’érode lentement.
Le grand retour des actifs tangibles
Dans cet environnement, les investisseurs cherchent à protéger leur épargne. Les actifs réels, l’or, l’immobilier, et désormais le Bitcoin, apparaissent comme les seules alternatives crédibles à la dépréciation monétaire.
L’or conserve son statut de valeur refuge traditionnelle. Mais pour la première fois, Bitcoin profite de la même dynamique : d’actif spéculatif, il devient progressivement une réserve de valeur numérique, rare, indépendante et mondiale.
Les marchés anticipent désormais une phase de “fiscal dominance”, où les États dépensent plus qu’ils ne perçoivent et où les banques centrales accommodent ces excès pour maintenir la dette soutenable.
Une nouvelle ère pour les épargnants
Cette tendance constitue une mauvaise nouvelle pour les détenteurs de liquidités, dont la valeur fond à mesure que la dette publique croît, mais une excellente opportunité pour les possesseurs d’actifs rares.
Contrairement aux cycles précédents, l’or et le Bitcoin montent aujourd’hui de concert, portés par le même moteur : la perte de confiance dans la monnaie fiduciaire.
Cette corrélation historique marque un tournant : celui d’un monde où détenir de l’argent ne suffit plus, et où seule la rareté protège encore la richesse.