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Les gros titres en parlent partout : une nouvelle guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine semble imminente, Elon Musk s’en prend à Donald Trump, et les économistes mettent en garde contre des chiffres décevants sur le marché du travail américain.
Pour qui suit l’actualité financière au jour le jour, ces événements peuvent sembler isolés, des incidents ponctuels avec des conséquences directes sur la bourse ou les attentes de taux d’intérêt. Mais derrière ce chaos apparent se dessine une évolution bien plus fondamentale, qui déterminera largement les années à venir : le monde est engagé dans une course aux armements technologique où l’intelligence artificielle et la robotique jouent un rôle central.
Des vents contraires économiques, mais aucune place pour l’immobilisme
En temps normal, des vents contraires économiques, comme des chiffres de l’emploi faibles ou un ralentissement de la demande des consommateurs, inciteraient les décideurs à freiner le train. Cette fois, la donne est différente.
Washington comme Pékin comprennent que la stagnation économique équivaut à un retard technologique, donc à une vulnérabilité géopolitique. Dans un monde où les applications de l’IA déterminent la puissance militaire, l’efficacité économique et même le contrôle politique, aucune grande puissance ne peut se permettre une récession.
Cela explique pourquoi, malgré la menace de nouveaux tarifs, l’instabilité politique et les plafonds de la dette aux États-Unis, il n’y a pas de véritable politique d’austérité. Au contraire : en coulisses, banques centrales et gouvernements se préparent à une période de dépenses publiques structurelles, souvent sous couvert de politique industrielle ou de stimulation stratégique.
La nouvelle révolution industrielle
Si les révolutions industrielles précédentes tournaient autour de la vapeur, de l’électricité et des technologies de l’information, la révolution actuelle porte sur l’intelligence artificielle, la technologie quantique et les systèmes autonomes. Les États-Unis injectent des milliards dans le développement de puces IA, avec des entreprises comme NVIDIA en fer de lance. La Chine fait de même, souvent via des projets soutenus par l’État et sous réglementation interne stricte. Dans les deux cas, l’avance technologique n’est pas seulement un avantage économique, mais un levier de pouvoir.
Le gouvernement Biden l’a clairement affirmé avec la loi CHIPS and Science Act, visant à renforcer la production nationale de semi-conducteurs. La Chine répond en intensifiant ses propres lignes de production tout en investissant dans des domaines allant de la reconnaissance vocale à la reconnaissance faciale et aux drones militaires.
La planche à billets, arme stratégique
Tout cela signifie que la politique monétaire devient de plus en plus un instrument géopolitique. Les banques centrales peuvent être indépendantes sur le papier, mais la pression pour soutenir l’économie et maintenir le rythme technologique s’intensifie. Une politique monétaire restrictive, comme en 2022 et 2023, devient vite insoutenable si elle entraîne une stagnation alors que l’adversaire accélère.
Dans ce contexte, la rhétorique renouvelée de baisse des taux par la Fed n’est pas un signe de faiblesse, mais une stratégie. Tout comme les taux structurellement bas en Chine, non pas pour combattre l’inflation, mais par intérêt national pour rester en tête.
Le théâtre politique, un bruit de fond
Et cette dispute entre Musk et Trump ? La menace d’une nouvelle guerre commerciale ? Oui, ce sont des événements sérieux, surtout à court terme. Mais dans la perspective plus large, ce sont des phénomènes secondaires. Les querelles politiques et les conflits commerciaux attirent l’attention, mais ne changent rien à la nécessité sous-jacente d’expansion économique et d’innovation technologique.
Pour comprendre ce qui compte vraiment dans l’économie mondiale actuelle, il faut donc regarder au-delà des tweets, tarifs et chiffres trimestriels. Le vrai combat se joue dans les centres de données, les laboratoires et les studios de développement, alimenté par des milliards de dollars de fonds de relance.
Sur ce point, je ne m’inquiète pas encore pour le bitcoin.