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Luis L., un homme originaire des Pays-Bas, promettait à quiconque investissait dans son projet que son bot de trading garantissait un rendement de 20 % par mois.
Il affirmait avoir déjà testé ce robot et en avoir tiré d’importants bénéfices personnels. En réalité, ces affirmations se sont révélées bien moins solides qu’il ne le prétendait.
La mise en place de l’arnaque crypto
En avril 2021, L. a contacté un ancien camarade d’école pour lui proposer de spéculer sur les cryptomonnaies ensemble. Il a rapidement convaincu trois personnes d’investir de l’argent, leur créant des comptes de démonstration qui affichaient des gains prometteurs. Séduits par les résultats fictifs, ils ont injecté davantage de fonds.
Comme le bot semblait performant, de nouveaux investisseurs ont rejoint le projet. À un moment donné, le montant total investi atteignait 850 000 €.
Luis affirmait que ces fonds étaient déposés chez CryptoRocket. Il créait un compte de démonstration individuel pour chaque investisseur, leur montrant des résultats inventés au lieu des performances réelles. Parfois, il versait de petites sommes pour entretenir l’illusion de rentabilité.
Un schéma pyramidal déguisé en bot de trading
Le montage s’apparente à un schéma pyramidal classique, dans lequel les fonds des nouveaux arrivants servent à payer les anciens. La justice est convaincue qu’il s’agissait bien de cela.
Promettre des rendements garantis, comme 20 % par mois, est tout simplement irréaliste. L’affaire rappelle des précédents tristement célèbres comme BitConnect. L’avidité peut facilement troubler le jugement des victimes, et l’usage de comptes de démonstration aurait dû éveiller les soupçons – mais visiblement, ce ne fut pas le cas.
Deuxième round de l’arnaque
En août 2022, les trois premiers investisseurs réclament leur argent. L. est incapable de les rembourser, ce qui pousse les victimes à porter plainte.
Mais loin de s’arrêter, il lance un nouveau projet, appelé Moneytics, en racontant exactement la même histoire : il aurait conçu un robot de trading performant, générant d’excellents rendements. Résultat : 700 000 € supplémentaires récoltés auprès de nouveaux investisseurs crédules.
La fin de sa carrière de “bot marketer”
L’aventure s’arrête lorsque la police de Dordrecht l’interpelle pour escroquerie à grande échelle. L’enquête révèle que L. possédait des comptes bancaires dans plusieurs pays européens, sur lesquels il avait transféré d’importantes sommes. Une part significative de l’argent aurait également été envoyée sur un site de jeux d’argent, probablement pour être dépensée et non stockée.
L. affirme que ces multiples comptes servaient simplement à contourner les questions des banques sur l’origine des fonds. À ce jour, l’argent reste introuvable.
Devant le tribunal, il soutient que les fonds ont bien été investis dans les cryptos, mais que le bot aurait subi des pertes soudaines. Il rejette la faute sur CryptoRocket, société qui a elle aussi disparu.
Quant à Moneytics, il prétend ne plus avoir accès aux fonds. Là encore, aucun centime n’a été retrouvé.
Et maintenant ?
Considéré comme susceptible de fuir, L. a dû remettre son passeport. Il est soupçonné de cacher encore d’importantes sommes d’argent à l’étranger.
Il plaide la négligence, affirmant qu’il n’a pas agi avec intention frauduleuse. Mais le procureur n’y croit pas une seconde. Pour lui, les comptes de démonstration, les faux gains, la manipulation de la confiance pour récolter toujours plus d’argent… tout cela prouve une arnaque préméditée. Il demande une peine de 30 mois de prison. L’avocat de L., quant à lui, demande l’acquittement.
Seul point positif : L. affirme aujourd’hui qu’il en a fini avec les investissements en cryptomonnaies.