Photo: Below the Sky/Shutterstock
Les États-Unis veulent fortement encourager l’usage des stablecoins, ces cryptomonnaies adossées à une valeur fixe comme le dollar. Washington y voit un moyen d’étendre encore l’influence de sa devise, alors qu’en Europe l’initiative suscite surtout de l’inquiétude. La Banque centrale européenne (BCE) craint en effet une dépendance accrue au billet vert et souhaite accélérer le projet d’euro numérique.
Pourquoi les États-Unis misent sur les stablecoins
Les stablecoins conservent en permanence la même valeur, généralement indexée sur le dollar. Contrairement à des cryptomonnaies volatiles comme le bitcoin ou l’ethereum, elles offrent donc une stabilité qui les rend adaptées aux paiements, aux échanges commerciaux et aux transactions internationales.
Le président Trump a récemment signé la Genius Act, une loi destinée à stimuler leur adoption. Des géants comme Amazon, Mastercard et Walmart prévoient déjà de les intégrer dans leurs activités.
L’émission de ces stablecoins doit être adossée à des dollars ou à des obligations du Trésor américain, ce qui accroît la demande pour ces titres et facilite le financement de l’État fédéral. En parallèle, la généralisation de ces cryptomonnaies renforce la place du dollar dans les paiements mondiaux.
Dans un contexte géopolitique tendu, ce levier stratégique permet aux États-Unis de consolider leur pouvoir financier à l’échelle internationale.
Les inquiétudes européennes et le projet d’euro numérique
Face à cette offensive, l’Europe redoute que les stablecoins américains affaiblissent la zone euro. Des conseillers de la BCE alertent sur un risque d’érosion de la souveraineté monétaire si l’Union européenne ne propose pas rapidement une alternative crédible. L’euro numérique est censé combler ce vide.
Le projet avance, mais son lancement n’est pas prévu avant 2028. Contrairement aux stablecoins privés, cette version électronique serait entièrement émise et contrôlée par la BCE.
Cependant, le chantier divise. Certains responsables politiques expriment des craintes en matière de protection de la vie privée, tandis que des économistes doutent de l’utilité réelle d’un tel dispositif.
Une chose est sûre : le temps presse. Si l’Europe tarde à agir, elle risque de voir l’euro perdre encore plus de terrain au profit du dollar, cette fois par la voie numérique.