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Dans sa dernière note adressée à la Tweede Kamer (chambre basse du Parlement néerlandais), le ministre de la Justice et de la Sécurité, David van Weel, alerte sur l’utilisation croissante des cryptomonnaies par les cybercriminels. S’appuyant sur des données d’Europol, il affirme que les actifs numériques permettent de dissimuler l’identité et les flux financiers, notamment via des services de mixage et des portefeuilles anonymes.
La crypto, un outil pour les criminels ?
Les cryptomonnaies seraient devenues un outil standard dans les enquêtes sur la cybercriminalité. Leur traçabilité reste complexe, notamment parce qu’un portefeuille crypto ne peut être saisi qu’en cas de lien prouvé avec un suspect, ce qui nécessite souvent une coopération internationale.
Depuis décembre 2024, la régulation européenne « Transfer of Funds Regulation » impose aux plateformes d’échanger les données des expéditeurs et des destinataires lors des transactions. Mais cette règle reste limitée à l’UE, ce qui empêche une traçabilité efficace à l’échelle mondiale. En pratique, de nombreuses demandes d’assistance juridique internationale restent lettre morte.
Malgré ces obstacles, des avancées existent : en collaboration avec les États-Unis, les autorités néerlandaises ont saisi 7 millions d’euros en cryptomonnaies et fermé deux plateformes criminelles au cours de l’année passée.
Crypto et criminalité : remettre les chiffres en contexte
Si les cryptos sont souvent accusées de faciliter le crime, les chiffres d’Europol apportent de la nuance : moins de 1 % des transactions en crypto seraient illicites, un taux inférieur à celui observé avec le cash ou même les virements bancaires.
Par ailleurs, la nature publique et immuable de la blockchain rend les flux de capitaux potentiellement plus traçables que l’argent liquide, un atout pour les enquêtes bien menées.
En résumé, si les cryptomonnaies posent des défis réels aux autorités, elles ne doivent pas être stigmatisées. La technologie blockchain peut, au contraire, devenir un outil efficace dans la lutte contre la criminalité, à condition d’être comprise, encadrée et utilisée de manière intelligente.