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L’investisseur américain Michael Burry est mondialement connu pour son pari légendaire contre le marché immobilier américain en 2008. L’adaptation cinématographique de cet épisode, The Big Short, a fait salle comble dans les cinémas.
Fait marquant : au premier trimestre 2025, Burry a quasiment liquidé l’ensemble de son portefeuille d’actions. Parallèlement, il a pris d’importantes positions baissières, notamment contre Nvidia et plusieurs grandes entreprises technologiques chinoises comme Alibaba, Baidu et JD.com. Il a néanmoins doublé sa participation dans la marque américaine de cosmétiques Estée Lauder.
The Big Short
Ceux qui ont vu The Big Short savent probablement qui est Michael Burry. Ancien étudiant en neurologie à Stanford, il s’est fait connaître en partageant ses idées d’investissement sur Internet dès les débuts du web. Ses analyses étaient si justes qu’il a quitté le monde médical pour fonder son propre fonds.
Juste avant la crise financière de 2008, Burry a parié avec succès contre le marché immobilier américain. Ce pari a rapporté des centaines de millions de dollars à son fonds Scion Capital. Il dirige aujourd’hui Scion Asset Management, qui a vendu presque toutes ses actions au premier trimestre tout en misant sur des options de vente (put options).
Un pari baissier contre Nvidia
Burry gère généralement un portefeuille restreint. Selon les rapports réglementaires, Scion Asset Management est passé de treize à seulement sept lignes en portefeuille. Alors qu’il s’était fortement exposé aux valeurs technologiques chinoises en 2022, il semble désormais faire machine arrière.
Les dernières déclarations 13F révèlent que son fonds a acheté des puts sur Nvidia, des options qui deviennent profitables si le cours chute. Daniel Steinerg Singer, amateur de crypto, de poker et de paris sportifs, a commenté cette position sur X.
I’m not a huge fan of Michael Burry or anything but his 13F is the most baller thing I’ve ever seen. Last quarter he sold literally all his stocks besides EL and bought massive amounts of puts on NVDA and some Chinese stocks, all before liberation day. He prob made billions. pic.twitter.com/pukIzZ7HBR
— Daniel Steinberg Singer (@DanielSingerS) May 15, 2025
Burry parie également sur la baisse des cours de plusieurs géants chinois de la tech. Même Nvidia, pourtant au cœur du boom des puces d’intelligence artificielle, n’échappe pas à son pessimisme. C’est d’autant plus surprenant que ces entreprises profitaient encore en début d’année 2025 d’un rallye alimenté par les innovations de DeepSeek, une entreprise chinoise spécialisée en IA.
Pourquoi ce revirement ?
Récemment, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont dominé l’actualité. Les relations commerciales entre les États-Unis et l’Europe sont également sous pression. Il est probable que Burry ait anticipé une correction du marché plus large. Et si tel est le cas, il aurait une fois de plus parfaitement chronométré un Big Short.
En effet, début avril, les marchés ont chuté de près de 20 % après l’annonce des tarifs Liberation Day de Trump. Nvidia a même perdu jusqu’à 30 % à un moment donné.
La guerre commerciale et les restrictions américaines sur les exportations de puces vers la Chine, un marché clé pour Nvidia, ont fortement pesé sur l’action. Un rebond est toutefois amorcé grâce à une pause temporaire des mesures.
Estée Lauder : le seul survivant
Après avoir tout vendu, Scion Asset Management ne conserve qu’une participation majeure : Estée Lauder. Fait notable : le fonds a même doublé sa position, portant celle-ci à 200 000 actions. Le titre a perdu plus de 50 % par rapport à l’année dernière.
Burry est réputé pour sa stratégie de value investing : il recherche des entreprises sous-évaluées avec un fort potentiel à long terme. Il a souvent investi dans des titres lourdement décotés, GameStop en est un bon exemple. Son récent renforcement sur Estée Lauder s’inscrit pleinement dans cette logique.