
Photo: Soumyabrata Roy & r.classen (Shutterstock)
Le réseau financier mondial SWIFT franchit une étape majeure vers la modernisation des paiements numériques.
L’organisation teste actuellement un nouveau système de paiement basé sur la blockchain, la technologie sous-jacente aux cryptomonnaies telles que Bitcoin et Ethereum.
SWIFT passe à la blockchain avec Linea
Le géant international des paiements va construire son nouveau canal de paiement blockchain sur Linea, un réseau de couche 2 (Layer-2) reposant sur Ethereum.
Cette architecture permet d’effectuer des transactions plus rapides, moins coûteuses et plus efficaces.
Une collaboration avec les grandes banques mondiales
Le projet a déjà démarré sous forme de programme pilote, comme l’a confirmé Joe Lubin lors de la conférence Token2049 à Singapour.
SWIFT, rappelons-le, est le réseau invisible qui permet aux banques d’effectuer des virements internationaux.
Lorsqu’une personne envoie de l’argent à l’étranger, ce sont des messages SWIFT qui indiquent aux banques comment et quand transférer les fonds, SWIFT ne déplace pas l’argent lui-même, il transmet les instructions.
Chaque année, le réseau traite environ 150 000 milliards de dollars de paiements via les canaux traditionnels.
Pour ce nouveau projet, SWIFT collabore avec Consensys (la société fondée par Joe Lubin, co-créateur d’Ethereum) et plus de trente grandes banques internationales.
Lors de l’annonce, le PDG de SWIFT, Javier Pérez-Tasso, n’avait pas révélé le nom du réseau choisi, mais Joe Lubin a ensuite confirmé qu’il s’agissait de Linea.
Selon lui, cette discrétion était volontaire : l’objectif était de familiariser progressivement le secteur bancaire traditionnel avec la technologie blockchain.
Le but de cette initiative est de remplacer le système actuel de messagerie interbancaire par un système basé sur la blockchain, afin de réduire les inefficacités des paiements transfrontaliers.
Qu’est-ce que Linea, la solution d’Ethereum ?
Développé par Consensys, Linea repose sur la technologie des zk-EVM rollups, permettant de traiter les transactions de manière plus rapide, moins coûteuse et plus confidentielle que sur le réseau principal d’Ethereum.
Cette approche répond aux exigences strictes imposées aux institutions financières dans le monde entier.
D’après les données de L2BEAT, Linea abrite actuellement 2,26 milliards de dollars de valeur bloquée (TVL), ce qui en fait la quatrième plus grande solution de couche 2 sur Ethereum.
Lubin souligne que Linea ne se limite pas à un simple réseau de paiement.
Le projet développe également un jeton interbancaire destiné à faciliter le règlement des paiements directement sur la blockchain, en collaboration avec plusieurs banques centrales, notamment la Hong Kong Monetary Authority et la Banque de France.
Cette initiative place Linea en concurrence directe avec le XRP Ledger, déjà bien implanté dans le secteur bancaire.
Selon Lubin, cette technologie pourrait même déboucher sur un écosystème ouvert, où les utilisateurs et les communautés créent leurs propres règles, applications et infrastructures, sans autorité centrale.
D’un projet expérimental à une future norme mondiale
Pour Tom Zschach, directeur de l’innovation chez SWIFT, l’interopérabilité entre systèmes financiers est essentielle :
« Les monnaies numériques n’ont d’avenir que si elles peuvent se connecter au réseau financier existant. »
Ce programme pilote s’inscrit dans la continuité des précédents tests blockchain de SWIFT, notamment ceux menés avec UBS Asset Management et Chainlink (LINK).
L’annonce a eu un impact immédiat sur les marchés : le token LINEA a bondi de plus de 15 %, passant de 0,02544 à 0,02932 dollar.
Les investisseurs y voient un signe fort que la blockchain se rapproche d’une adoption à grande échelle dans la finance mondiale.