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Bitcoin est connu pour sa consommation d’énergie massive. La quantité d’énergie que ce réseau utilise est souvent comparée à celle d’un pays comme la Suède.
Cette consommation élevée n’est-elle qu’un mythe, ou bien les organisations écologistes et les détracteurs du Bitcoin ont-ils raison de la dénoncer ?
Mythologie autour du Bitcoin
La mythologie grecque est souvent perçue comme une sorte de feuilleton, dans lequel les dieux apparaissent comme des êtres hypersensibles et rancuniers. L’un des récits les plus marquants est celui de Pandore, à qui l’on confia une jarre qu’elle n’avait pas le droit d’ouvrir. Bien sûr, elle l’ouvrit, libérant ainsi tous les maux de l’humanité. Heureusement, l’Espoir resta au fond de la jarre. Cet espoir est aujourd’hui encore bien utile dans l’univers des cryptos.
La légende de Prométhée, qui donna le feu aux hommes, illustre également la mesquinerie de Zeus, qui refusait même ce don à l’humanité. Pour ce crime, Prométhée fut enchaîné à jamais au mont Caucase, et un aigle devait lui dévorer le foie chaque jour.
Aujourd’hui, le Bitcoin connaît une mythologie du même ordre. Elle regorge de personnages qui resteront à jamais gravés dans les annales de la montée des cryptos. Le dieu fondateur est une figure dont nous connaissons le nom, mais pas la forme : Satoshi Nakamoto. Il n’a pas offert de boîte de Pandore, ni enchaîné qui que ce soit. Il a créé une monnaie numérique qui a mis à mal les « dieux » de la monnaie fiduciaire, à savoir les banques. Son anonymat se comprend facilement : sans lui, il aurait probablement fini enchaîné comme Prométhée.
La réalité derrière Bitcoin
Dans la mythologie primitive du Bitcoin, un autre personnage apparaît souvent : celui de l’escroquerie. Selon lui, Bitcoin ne serait rien d’autre qu’un schéma de Ponzi. Si un jour la blockchain venait à être piratée, le Bitcoin apparaîtrait nu, dépourvu de toute valeur intrinsèque. Mais cela n’est jamais arrivé. Au contraire, la valeur marchande du Bitcoin est désormais si élevée qu’une telle attaque est quasi impossible. Les compétences mathématiques et les moyens financiers requis seraient astronomiques, au point qu’aucune tentative n’a jamais été faite. Chaque année de fonctionnement renforce encore cette sécurité, car la base de données ne cesse de croître.
Le mythe de la criminalité
Un autre mythe, qui circule depuis la création du Bitcoin, est qu’il servirait principalement à des activités illégales. Pourtant, selon les estimations, moins de 0,5 % du volume total de Bitcoin concerne des transactions illégales, soit environ 0,27 % du marché noir.
À titre de comparaison, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, environ 1 à 2 trillions de dollars sont blanchis chaque année dans le monde, soit 2,5 % du PIB mondial.
En réalité, le blanchiment via la crypto est plus facile à tracer, grâce à la transparence de la blockchain. Dans les systèmes financiers traditionnels, cela est bien plus difficile. L’identité d’un utilisateur de Bitcoin peut rester inconnue, mais sa transaction est enregistrée à jamais sur la blockchain.
Le mythe de l’absence de valeur intrinsèque
Depuis son lancement, les détracteurs reprochent au Bitcoin de n’avoir aucune valeur intrinsèque. Selon eux, en dehors de l’échange, il ne vaudrait rien. Aucun gouvernement ne l’accepterait.
Ce n’est plus vrai aujourd’hui. Dans plusieurs pays, le Bitcoin est adopté, parfois de manière officielle. Et aux États-Unis, la crypto bénéficie d’un essor considérable.
Comparons avec le dollar américain :
- une blockchain hypothétique du dollar n’aurait qu’un seul nœud validateur,
- une offre monétaire illimitée (36 trillions de dollars),
- 80 % de la masse créée ces dernières années,
- 1 % des investisseurs contrôlant 30 % de l’offre.
Présentée comme une « blockchain », une telle monnaie ressemblerait davantage à un memecoin ou à un schéma de pump and dump qu’à une devise sérieuse.
Face à cela, Bitcoin propose une offre fixe, une immunité à la censure et une répartition plus équilibrée. Le choix devient évident. De plus en plus de personnes comprennent que les monnaies fiat sont insuffisantes comme support pour un avenir financier sûr. Elles se tournent donc vers Bitcoin, perçu comme une protection solide contre l’inflation.
Le mythe de la forte consommation énergétique
Le mécanisme de sécurité de Bitcoin, le Proof of Work, consiste à résoudre des énigmes cryptographiques par des millions de mineurs. On affirme qu’il consomme énormément d’énergie par rapport à d’autres industries. Les autorités américaines estiment que le minage représente 0,6 à 2,3 % de la consommation énergétique nationale. Bitfarm avance un chiffre bien plus bas : 0,1 à 0,2 %.
Mais il faut distinguer la quantité d’énergie utilisée et les émissions de CO₂. Environ 55 à 60 % de l’énergie utilisée pour miner provient de sources renouvelables. Le secteur est donc bien moins polluant qu’on ne le pense, et cette part augmente chaque année, rendant ce mythe de moins en moins crédible.
Une histoire sans fin
Cette saga mythologique est loin d’être terminée. Nous n’en sommes qu’au début, et les personnages n’ont fait qu’entrer en scène. L’éléphant qui devait souffler la fin de l’histoire a finalement été relégué au décor : ce récit continuera.
Au départ, la résistance venait surtout des banques et des gouvernements. Aujourd’hui, ce sont précisément ces acteurs qui adoptent la crypto. Dans de nombreuses régions du monde, et particulièrement aux États-Unis, les règles s’assouplissent.
Avec les réserves stratégiques de Bitcoin, les ETF et des dirigeants politiques pro-crypto, le sentiment global vis-à-vis de Bitcoin s’est complètement inversé.