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La Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé la semaine dernière de maintenir ses taux directeurs inchangés. Selon la Fed, il est encore trop tôt pour une baisse des taux en raison de la forte croissance économique, du marché du travail robuste et des inquiétudes persistantes concernant une possible résurgence de l’inflation. Ces préoccupations sont en partie alimentées par l’incertitude entourant l’impact des nouvelles barrières douanières prévues sous la présidence Trump.
Des critiques sur la stratégie de la Fed
Cependant, certains experts critiquent cette politique monétaire. L’économiste Darius Dale, du cabinet de recherche 42 Macro, estime que la Fed commet une erreur en maintenant une cible d’inflation de 2 %. Selon lui, cet objectif ne reflète plus la réalité économique actuelle :
« L’inflation naturelle pour l’économie d’aujourd’hui se situe plutôt autour de 3 %. »
Les indicateurs d’inflation de base utilisés par la Fed confirment en effet que l’inflation tourne autour de ce niveau. En maintenant des taux élevés et en visant une inflation structurellement plus basse que ce point d’équilibre, la Fed risquerait, selon Dale, de freiner inutilement l’économie.
Une inflation qui réagit lentement
Dale rappelle que l’inflation met souvent du temps à réagir à un ralentissement économique. Les entreprises continuent d’augmenter leurs prix tant que les consommateurs acceptent de payer, même si la croissance ralentit déjà. Il observe des signes de refroidissement économique et sur le marché du travail. À ses yeux, il serait plus judicieux d’agir de manière préventive et de stimuler l’économie, plutôt que d’attendre que l’inflation diminue d’elle-même.
Enjeu stratégique : l’intelligence artificielle
Dale avance aussi un autre argument : le risque de retard technologique. Il souligne que les États-Unis sont à un tournant crucial avec l’émergence de l’IA et de la robotique, qui pourraient déclencher une nouvelle vague de productivité. Une économie intérieure forte serait nécessaire, selon lui, pour tirer parti de cette révolution et ne pas laisser la Chine prendre l’avantage.
Pressions politiques depuis la Maison Blanche
Le président Trump semble partager cette vision. Ces dernières semaines, il a pris plusieurs initiatives qui traduisent une certaine frustration vis-à-vis de la politique actuelle de la Fed. Selon certains médias américains, il envisagerait même de remplacer Jerome Powell, le président de la Fed, et a exprimé des doutes sur les derniers chiffres de l’emploi, produits par le Bureau of Labor Statistics (BLS).
Trump continue également de mettre en avant les investissements étrangers attirés par sa politique commerciale, afin de renforcer la confiance dans l’économie américaine.
Par ailleurs, un facteur supplémentaire influence les marchés : le mandat de Powell prend fin en mai 2026. Si Trump est réélu, il pourrait alors nommer un successeur plus en phase avec sa vision économique.
Les investisseurs anticipent déjà ces possibles changements. Le marché réagit non seulement aux événements actuels, mais aussi aux scénarios probables dans un à deux ans.
Scénarios possibles pour le Bitcoin
Scénario 1 : la baisse des taux arrive trop tard
Si la Fed attend trop avant d’assouplir sa politique monétaire, cela pourrait provoquer une récession. Dans ce cas, les actifs risqués comme le Bitcoin risquent de chuter, car les investisseurs rechercheront de la liquidité et fuiront le risque.
Scénario 2 : la baisse des taux arrive plus tôt que prévu
Si la Fed décide finalement de baisser les taux plus rapidement, cela pourrait être interprété comme un signal positif pour les actifs risqués. Le Bitcoin pourrait alors bénéficier de meilleures conditions de liquidité et d’un regain d’appétit pour le risque de la part des investisseurs.